Page:Ségur - François le bossu.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

manzer tout ! Et cette couquine d’épingle, quoi faire ? Ah ! z’ai oune idée ! Bella ! bellissima ! zé vais prendre oune épingle sour la table et zé dirai :

« Voilà, voilà votre épingle ! Zé l’ai trouvée ! »

Il sauta sur ses pieds, saisit une des épingles qui garnissaient une pelote à ouvrage posée sur la table et se précipita vers la salle à manger d’un air triomphant.

« Voilà, voilà, signora ! Zé l’ai trouvée !

— Ah ! ah ! ah ! dit Mme des Ormes riant aux éclats, ce n’est pas la mienne ! Elle est blanche, la mienne était noire !

— Dio mio ! s’écria le malheureux Paolo, consterné de ce qu’il venait d’entendre ! c’est parce que zé l’ai frottée à…, à… mon horloze d’arzent.

— Voyons, Monsieur Paolo, finissez vos folies et mangez votre omelette, dit M. de Cémiane à demi mécontent ; le déjeuner n’en finira pas, et les enfants n’auront pas le temps de s’amuser et de faire leur pêche aux écrevisses. »

Paolo ne se le fit pas dire deux fois ; il se mit à table et avala son omelette avec une promptitude qui lui fit regagner le temps perdu. Mme des Ormes regardait souvent Christine et la reprenait du geste et de la voix.

« Tu manges trop, Christine ! N’avale donc pas si gloutonnement !… Tu prends de trop gros morceaux !… »

Christine rougissait, ne disait rien ; François, qui était près d’elle, la voyant prête à pleurer, après