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avais eu un peu d’esprit, tu n’aurais pas attendu la permission de Mina… Comme tu es rouge, Christine ; tu n’es pas jolie, ma pauvre fille !

m. des ormes.

Il est impossible de savoir si elle a de l’esprit puisqu’elle ne parle guère ; devant nous, du moins ; et, quant à sa laideur, je ne puis vous l’accorder, car elle vous ressemble extraordinairement. »

M. des Ormes sourit malicieusement en disant ces mots, et voulut aider sa femme à monter en voiture ; mais elle le repoussa en disant avec humeur :

« Laissez-moi ; je monterai bien sans votre aide. »

Il prit Christine dans ses bras et voulut la mettre dans la voiture, près de sa mère.

« Mettez-la sur le siège, dit Mme des Ormes ; elle va chiffonner ma jolie robe ou elle la salira avec ses pieds. »

M. des Ormes plaça Christine sur le siège, près du cocher.

« Faites bien attention à la petite, dit-il en la lui remettant.

le cocher.

Que Monsieur soit tranquille, j’y veillerai, elle est si mignonne, si douce, pauvre petite ! Ce serait bien dommage qu’il lui arrivât quelque chose. »

Christine n’avait pas dit un mot tout ce temps ; elle osait à peine respirer, tant elle avait peur d’augmenter l’humeur de sa mère et d’être laissée à la maison. Quand la voiture partit, elle poussa un soupir de satisfaction.