furent exacts. L’entrevue avec Christine ne fut pas attendrissante ; son père et sa mère l’embrassèrent sans émotion, la trouvèrent très grande et embellie : elle avait huit ans, avec la raison et l’intelligence d’un enfant de dix pour le moins. Son instruction ne recevait pas le même développement ; Mina ne lui apprenait rien, pas même à coudre ; Christine avait appris à lire presque seule, aidée de Gabrielle et de François, mais elle n’avait de livres que ceux que lui prêtait Gabrielle ; François ignorait son dénûment, sans quoi il lui eût donné toute sa bibliothèque.
Le lendemain du retour de M. et de Mme des Ormes, ils reçurent un mot de Mme de Cémiane, qui leur demandait de venir passer la journée suivante avec eux et d’amener Christine.
« Il faut, disait-elle, que je vous présente un nouveau voisin de campagne, M. de Nancé, qui est charmant ; et un demi-médecin italien, fort original, qui vous amusera ; il me fait savoir, par un billet attaché au collier de mon chien de garde, qu’il viendra chez moi demain. Amenez-nous Christine ; Gabrielle vous le demande instamment.
Je suis bien aise que votre sœur fasse quelques nouvelles connaissances dans le voisinage ; nous en profiterons et nous les engagerons à dîner pour la semaine prochaine.
Comme vous voudrez, ma chère ; mais il me semble qu’il vaudrait mieux attendre qu’ils nous eussent fait une visite.