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madame des ormes.

D’abord, mon absence durera à peine quinze jours ; elle restera avec sa bonne, qui n’a pas autre chose à faire qu’à la soigner.

madame de cémiane.

Il me semble que Christine la craint beaucoup ; ne pensez-vous pas qu’elle soit trop sévère ?

madame des ormes.

Pas du tout ! Elle est ferme, mais très bonne. Christine a besoin d’être menée un peu sévèrement ; elle est raisonneuse, impertinente même, et toujours prête à résister.

madame de cémiane.

Je ne l’aurais pas cru ! elle paraît si douce, si obéissante ! Je la ferai venir souvent chez moi pendant votre absence, n’est-ce pas ?

madame des ormes.

Tant que vous voudrez, ma chère ; faites comme vous voudrez et tout ce que vous voudrez, pourvu qu’elle reste établie aux Ormes avec sa bonne. Adieu, je me sauve, je pars demain, et j’ai tant à faire ! »

Mme des Ormes rentra, s’occupa de ses paquets, recommanda à Mina de mener souvent Christine chez sa tante de Cémiane, et partit le lendemain de bonne heure.

Cette absence devait être de quinze jours ; elle se prolongea de mois en mois pendant deux ans, à cause d’un voyage à la Martinique que dut faire M. des Ormes, qui avait placé là une grande partie de sa fortune. Mme des Ormes voulut à toute