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à Christine le mariage de sa fille Hélène avec Adolphe. Ce fut un triste ménage. Hélène aimait le monde et ne vivait que de bals, de concerts et de spectacles ; Adolphe aimait le jeu  ; il y perdit une partie de sa fortune, se battit en duel, y fut blessé, et périt misérablement à la suite de cette blessure.

Cécile se maria avec un banquier qui lui apporta de l’argent, et qui la rendit malheureuse par son caractère brutal et emporté.

Gabrielle épousa un jeune député plein d’intelligence et de bonté ; elle fut très heureuse avec son mari et continua à venir passer tous ses étés chez sa mère à Cémiane, et à voir presque tous les jours Christine et François.

Bernard ne se maria pas ; il aima mieux aider son père à cultiver ses terres. Il s’occupait de musique et de peinture et il passait presque tous ses hivers à Nancé ; Christine et François étaient excellents musiciens, de sorte que tous les soirs, aidés de Paolo, de sa femme et de Bernard, ils faisaient une musique excellente qui ravissait M. de Nancé.

Un jour que Christine questionnait affectueusement Bernard sur la vie qu’il menait et qui lui semblait bien isolée :

« Christine, répondit-il, je vis et je mourrai seul. Quand je t’ai bien connue, à notre retour de Madère, je me suis dit que je ne serais heureux qu’avec une femme semblable à toi, bonne, pieuse, dévouée, intelligente, gaie, instruite, raisonnable, charmante enfin. Je ne l’ai pas trouvée ;