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« Ô Signor de Nancé ! qu’ai-ze fait, malheureux ! Pardonnez-moi ! Pitié pour votre Paolo dévoué !… Voilà ce que c’est, Signor. Z’ai retrouvé oune zeune amie que z’aimais et que z’aime parce qu’elle est bonne et sarmante comme Christinetta ; cette pauvre zeune amie n’a rien que du malheur ; elle me fait pitié, et moi ze loui dis : « Cère zeune amie, voulez-vous être ma femme ? » zouste comme notre cer François à la Christinetta ; et la zeune amie se zette dans mes bras et me dit : « Ze serai votre femme », zouste comme notre Christinetta à François. Et moi, ze n’ai pas pensé à vous, excellent Signor ; et ze ne veux pas vivre loin de vous, et ze ne veux pas laisser ma femme à Milan. Alors quoi faire, cer Signor ? Ze souis au désespoir, et ze pleure toute la zournée ; et ma zeune amie pleure avec moi ! Quoi faire, mon Dieu, quoi faire ? Si ze reste loin de vous, ze meurs ! Si ze laisse ma zeune amie, ze meurs. Alors quoi faire ? Ze vous embrasse, mon cer Signor ; z’embrasse mon François céri, ma Christinetta bien-aimée ; cers amis, conseillez votre pauvre Paolo et sa zeune amie.

« Paolo Perroni. »

M. de Nancé s’empressa de faire voir cette lettre à ses enfants.

« Que faire ? leur dit-il en riant. Que faire ?

christine.

C’est de les faire venir ici, chez nous, père chéri ; nous les garderons toujours, n’est-ce pas, François ?