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— Ô carissimo Signor, ze souis moi-même si zoyeux que ze voudrais touzours les embrasser ! Tenez, les voilà qui courent dans le zardin après ce poulain ésappé ! Voyez qu’ils sont zentils ! La Christinetta ! voyez qu’elle est lézère comme oune petit oiseau ! Et le zeune homme ! le voilà qui saute oune barrière. Le beau zeune homme ! c’est que z’en souis zaloux, moi ! Voyez quelle taille ! quel robuste garçon ! »

Et Paolo sautait lui-même, pirouettait.

« Signor mio, dit-il un jour, ze souis oune malheureux, oune profond scélérat !… Ze m’ennouie de la patrie ! Il faut que ze revoie la patrie ! Ô patria bella ! Ô Italia ! Signor mio, laissez-moi aller zeter un coup d’œil sur la patrie, seulement oune petite quinzaine.

— Quand vous voudrez et tant que vous voudrez, mon pauvre cher garçon ; je vous payerai votre voyage, votre séjour, tout.

— Ô Signor ! s’écria Paolo, vous êtes bon, vraiment bon et zénéreux ! Alors ze pourrai partir demain ?

— Certainement, mon ami, répondit M. de Nancé en riant de cet empressement. Demandez malles, chevaux, voiture, quand vous voudrez. Ce soir je vous remettrai mille francs pour les frais du voyage. »

Paolo serra les mains de M. de Nancé et voulut les baiser, mais M. de Nancé l’embrassa et lui conseilla de s’occuper de sa malle.

L’absence de Paolo dura deux mois ; à la fin du premier mois, il écrivit à M. de Nancé :