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christine.

Et pourquoi ne m’avoir pas emmenée ?

m. de nancé, souriant.

Parce que tu avais seize ans, que François en avait vingt, et que ce n’eût pas été convenable aux yeux du monde que je t’emmène avec moi.

christine.

Ah oui ! le monde ! c’est vrai. Et avez-vous reçu ma lettre et celle de ma mère ?

m. de nancé.

Le matin même de notre départ, mon enfant. Tu nous as parfaitement jugés ; bien loin de regretter ta fortune, nous sommes enchantés de n’avoir d’eux que toi, ta chère et bien-aimée personne, et d’avoir même à te donner ta robe de noces.

christine.

Emblème de mon bonheur, père chéri ! Et moi, je suis heureuse de tout vous devoir, tout, jusqu’aux vêtements qui me couvrent. »

Les premières heures passèrent comme des minutes. Quand il fut temps pour Christine de partir :

« Mon père, dit-elle en passant son bras autour du cou de M. de Nancé comme au jour de son enfance ; mon père,… ne puis-je rester ?

m. de nancé.

Chère enfant, je n’aimerais pas à te voir rentrer trop tard.

christine.

Je ne rentrerais pas du tout, mon père ; je reprendrais près de vous notre chère vie d’autrefois.