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peur que la lettre de ma mère ne vous chagrine. Je suis bien sûre, moi, que vous n’en éprouverez aucune peine par rapport à moi. Je vous dois tout depuis huit ans, je continuerai à tout vous devoir, cher bien-aimé père ; bien loin de m’en trouver humiliée, j’en ressens plutôt du bonheur et de l’orgueil ; ma reconnaissance en est plus solide et ma tendresse plus vive. Je suis votre création et votre bien, et je vous reste telle que vous m’avez reçue de mes parents. Quand donc reviendrez-vous, cher père ? Quand donc pourrai-je vous embrasser avec mon cher François ? Je viens de lui écrire la reconnaissance dont mon cœur est rempli pour vous comme pour lui. Il faut qu’il vous lise ma lettre, afin de prendre votre bonne part de ma tendresse. Adieu, père chéri ; je vous attends chaque jour, presque chaque heure ! Que je voudrais savoir l’heure de votre retour ! Je vous embrasse, cher père, encore et toujours, avec mon bien cher François. J’embrasse aussi notre bon Paolo.

« Votre fille, Christine. »

Le lendemain du départ de cette lettre, elle reçut celle de François annonçant leur arrivée pour le jour suivant ; elle fit part à Isabelle de cette bonne nouvelle, et obtint de sa tante la permission d’aller à Nancé, avec Isabelle et Gabrielle, pour tout préparer au château ; elles devaient y passer la journée, y dîner, si c’était possible, et ne revenir chez sa tante que le soir. Elle et Gabrielle furent enchantées de cette permission ; Bernard