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madame de cémiane.

Et leur ruine aussi.

christine.

Oui, oui, je leur en parlerai ; au revoir, ma bonne tante.

madame de cémiane.

Tiens, voici la lettre de ta mère.

christine.

Merci, ma tante, je l’enverrai à François. »

Christine se retira chez elle et ouvrit avec répugnance la lettre de sa mère, dont elle n’avait jamais reçu que des paroles désagréables.

« Ma chère sœur, disait-elle, Christine n’a pas le sens commun de vouloir épouser un bossu, elle ferait cent fois mieux de se faire religieuse. Ni mon mari ni moi, nous ne lui refusons pourtant pas notre consentement ; avec un mari bossu, il est clair qu’elle devra vivre à Nancé sans en sortir, ce qui convient parfaitement à son peu de beauté, à son petit esprit et à ses goûts bizarres. Un autre motif nous fait donner notre consentement. J’ai eu le malheur d’être trompée par un homme d’affaires malhonnête, et nous nous trouvons ruinés, ou à peu près ; notre fortune actuelle payera nos dettes ; il nous restera la terre des Ormes, que nous vendrons à un marchand de bois, moyennant une rente de cinquante mille francs ; mais Christine n’aura rien, ni dot, ni fortune à venir. Nous sommes donc assez contents que M. de Nancé veuille bien prendre Christine à sa charge et qu’il l’empêche de revenir, en la mariant à son pauvre petit bossu. Je