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christine.

Et je vais vite répondre à mon cher père, et vite envoyer ma lettre à la poste. »

Christine rentra et répondit ce qui suit à M. de Nancé :

« Mon cher, cher père, que je vous remercie, que vous êtes bon ! que je suis heureuse ! Vous voulez donc bien que je sois la femme de notre cher François ; vous voulez bien que je sois votre fille, votre vraie fille ? Et pourquoi, mon père, mon cher père, m’avez-vous laissée toute seule à pleurer et à me désoler pendant deux ans ? Et pourquoi, vous et François, ne m’avez-vous pas demandé plus tôt ce que vous me demandez aujourd’hui ? Si je n’étais si heureuse, je vous gronderais, mon bon, cher, bien-aimé père, de ce que je viens d’apprendre par Isabelle, et de ce que je vous raconterai plus tard : mais je n’ai que de la joie, du bonheur dans le cœur, et je n’ai pas le courage de gronder… Je n’ai pas même relu ce que vous me dites du prétendu sacrifice que je vous fais. Ce que vous appelez plaisirs du monde est pour moi d’un ennui mortel ; la vie que vous me décrivez est précisément celle que j’aime, que je désire ; votre tendresse à tous deux est mon seul, mon vrai bonheur, et je n’ai besoin d’aucune distraction à ce bonheur. Ce que vous dites de l’infirmité de François n’a pas de sens pour moi ; je l’aime comme il est ; je l’ai toujours aimé ainsi et je l’aimerai toujours. Avec vous et lui, je ne désirerai rien, je ne regretterai rien. Ne me quittez