Page:Ségur - François le bossu.djvu/336

Cette page a été validée par deux contributeurs.

crucifix et de remercier Dieu du bonheur qu’il lui envoyait. Ensuite elle courut chez Isabelle, et, se jetant à son cou, elle lui remit la lettre de M. de Nancé en lui disant :

« Lisez, lisez, chère Isabelle ; voyez ce que me demande mon père. Cher père ! cher François ! ils vont revenir ! Je les reverrai, et nous ne nous quitterons plus jamais. Oh ! Isabelle, quelle vie heureuse nous allons mener ! »

Isabelle embrassa tendrement sa chère enfant et témoigna une grande joie de cet heureux événement, qu’elle n’osait espérer, dit-elle, malgré qu’elle y eût pensé bien des fois.

christine.

Comment ne me l’avez-vous pas dit plus tôt ? Si j’en avais eu l’idée, j’en aurais parlé à mon père et à François, et nous n’aurions pas eu deux années horribles à passer.

isabelle.

J’en ai dit quelques mots un jour à M. de Nancé ; il me défendit d’en jamais parler à François ni à vous surtout. « Je ne veux pas, me dit-il, que ma pauvre Christine, toujours dévouée, se sacrifie au bonheur de François et au mien ; elle est trop jeune encore pour comprendre l’étendue de son sacrifice ; il faut que François passe deux ans dans le Midi avec moi et Paolo, et que ma pauvre chère Christine arrive à dix-huit ans au moins avant que nous lui demandions de se donner à nous sans réserve. »

christine.

Mon père a pu croire que je ferais un sacrifice