Que deviendrais-tu si je venais à te manquer ?
J’écrirai à M. de Nancé, ma tante, mais pour lui dire que j’aimerais mieux mourir que d’épouser Adolphe ou tout autre.
Comment, tu ne veux pas te marier ?
Non, ma tante ; quoi qu’il arrive, je serai plus heureuse qu’avec un mari que je ne pourrais souffrir, je le sais, j’en suis sûre.
Comme tu voudras, Christine ; cette aversion du mariage adoucira le coup que je vais porter à Adolphe, qui était si sûr de ton consentement. J’écrirai de mon côté à M. de Nancé pour lui raconter notre conversation. Au revoir, ma petite Christine ; va faire ta lettre pendant que j’écrirai la mienne. »
C’était cette lettre de Christine avec celle de sa tante que M. de Nancé lisait et à laquelle il répondait, à la prière de François.
Peu de jours après cette demande d’Adolphe, Christine reçut la réponse qu’elle attendait avec impatience ; c’était bien M. de Nancé qui répondait. Elle baisa la lettre avant de la commencer, et lut ce qui suit :
« Ma fille, ma bien-aimée Christine, mon François, ton frère, ton ami, ne se sent plus le courage de vivre loin de toi ; il traîne ses tristes journées sans but et sans plaisir ; moi-même, malgré mes efforts pour dissimuler mon chagrin, je souffre comme lui