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attaque contre un frère mort, et approuva la courageuse défense de Christine.

Ces querelles fréquentes, bien loin d’éloigner Adolphe de Christine, la lui rendirent au contraire plus agréable ; il vint de plus en plus chez Mme de Cémiane, s’occupa de plus en plus de Christine, qui restait froide et indifférente. Enfin un jour il pria Mme de Cémiane de lui accorder un entretien particulier, et, après quelques phrases polies, il lui demanda la main de Christine.

madame de cémiane.

Ce n’est pas moi qui dispose de la main de ma nièce, mon cher Adolphe, c’est elle-même avant tout ; ensuite, ce sont ses parents, et enfin, et dominant tout, c’est M. de Nancé, qu’elle a adopté pour père, et qu’elle aime avec une tendresse extraordinaire.

adolphe.

Pour commencer par Christine elle-même, chère Madame, ayez la bonté de lui parler aujourd’hui et de me faire savoir de suite où je dois adresser ma lettre de demande à M. et à Mme des Ormes.

madame de cémiane.

Je ferai ce que vous désirez, Adolphe, mais je ne suis pas aussi certaine que vous du succès de votre demande.

adolphe.

Oh ! Madame, vous plaisantez ! Une pauvre fille abandonnée par ses parents, élevée par un étranger, avec un vilain bossu pour tout divertissement, enfermée ensuite dans un couvent, est trop heu-