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salon ; Maurice avait découvert un paquet de cigarettes oubliées sur la cheminée ; il engagea Adolphe à les fumer ; ils allumèrent leurs cigarettes et jetèrent les allumettes, sans penser à les éteindre, derrière un rideau de mousseline, qui prit feu immédiatement. Ne pouvant l’éteindre, et voyant s’enflammer la tenture de mousseline qui recouvrait les murs, ils furent saisis de frayeur ; ils n’osèrent pas s’échapper par les salons et le vestibule, craignant d’être rencontrés par les domestiques et d’être accusés d’avoir mis le feu. Ils aperçurent une porte au fond du salon ; ils s’y précipitèrent ; elle donnait sur un petit escalier intérieur, qu’ils montèrent ; ils arrivèrent à une mansarde, où ils se crurent en sûreté, pensant que l’incendie serait éteint avant d’avoir gagné les étages supérieurs. Ce ne fut que lorsque les flammes pénétrèrent dans leur mansarde qu’ils cherchèrent à redescendre ; mais les escaliers étaient tout en feu, et ils se précipitèrent à la fenêtre en criant au secours. Avant qu’on eût exécuté les ordres de M. de Nancé, ils furent très brûlés, surtout le pauvre Maurice, qui cherchait de temps en temps à s’échapper à travers les flammes. Je m’étonne que Maurice ne vous l’ait pas raconté pendant qu’il était chez vous.

christine.

François s’était aperçu que Maurice n’aimait pas à parler et à entendre parler de ce terrible événement, et il ne lui en a jamais rien dit.