pour partir, qu’est devenu ton rire joyeux, ta gaieté d’autrefois ? Tu as le regard malheureux, le sourire triste, presque douloureux. Es-tu malheureuse au couvent, mon enfant ? Je t’emmènerai de suite chez moi, si c’est ainsi. »
Christine embrassa sa tante et pleura doucement, mais amèrement, dans ses bras.
Viens, ma pauvre enfant ; viens ! C’est affreux de t’avoir enfermée dans cette prison ; tu vas venir chez moi.
Je vous remercie, ma bonne tante ; ce n’est pas le couvent qui fait couler mes larmes ; j’y suis aussi heureuse que je puis l’être, séparée de ceux que j’aime tendrement, passionnément, de ceux qui m’ont recueillie, élevée, aimée, rendue si heureuse pendant huit ans ! C’est M. de Nancé qui m’a placée ici, et j’y resterai tant qu’il désirera que j’y reste. Je pleure leur absence ; loin de mon père et de mon frère, il n’y a pour moi que tristesse et isolement.
Tu ne nous aimes donc plus, Christine ?
Je vous aime et vous aimerai toujours, mais pas de même ; je ne puis exprimer ce que je sens ; mais ce n’est pas la même chose ; je puis vivre sans vous, je ne me sens pas la force de vivre loin d’eux.
Oui, je comprends ; tes lettres à Gabrielle étaient