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gnées. Elle se résigna enfin, se soumit à son isolement, et se promit de revenir chercher du courage aux pieds du Seigneur, toutes les fois qu’elle se sentirait envahie par le désespoir. Quand la supérieure revint la prendre, Christine pleurait doucement ; elle était calme et elle suivit docilement la supérieure dans la chambre qui lui était destinée ; elle y trouva Isabelle, arrivée depuis quelques instants, qui lui donna des nouvelles du départ de M. de Nancé, de François et de Paolo ; elle lui redit les paroles de Paolo, lui peignit la douleur et l’abattement de François et de son père ; Christine trouva une grande consolation à se retrouver avec Isabelle, qui partageait ses sentiments douloureux et ses affections.

Les premiers jours se traînèrent péniblement. Christine n’avait pas encore de lettres ; elle écrivait tous les jours, et reçut enfin une première lettre de François : lui aussi était triste, se sentait isolé et malheureux ; le lendemain M. de Nancé lui donna quelques détails sur leur établissement, et la correspondance continua ainsi, animée et intéressante.

Six mois après, Mme de Cémiane revint chez elle après une absence de six années ; son premier soin fut d’aller voir sa nièce et de lui mener Bernard et Gabrielle ; les deux cousines ne se reconnurent pas, tant elles étaient métamorphosées ; Gabrielle était aussi grande que Christine, mais brune, avec des couleurs très prononcées, des yeux noirs et vifs, les traits délicats ; c’était une fort jolie per-