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christine.

La vie n’a qu’un temps, cher François. »

Et, se penchant à son oreille, elle lui dit bien bas :

« Ayons du courage pour notre pauvre père, qui souffre pour nous plus que pour lui-même. »

François lui serra la main et fit un signe de tête qui disait oui.

« Mon père, dit Christine en baisant les mains et les joues inondées de larmes de M. de Nancé, mon père, le bon Dieu viendra à notre secours ; il nous réunira peut-être. Qui sait si cette séparation n’est pas pour notre bonheur à venir ? »

M. de Nancé releva vivement la tête.

« Que Dieu t’entende, ma chère fille bien-aimée ! Qu’il nous réunisse un jour pour ne jamais nous quitter ! »

Le courage de Christine excita celui de François ; quand M. de Nancé vit ses enfants plus calmes, son propre chagrin devint moins amer. Il entra dans quelques détails sur leur existence future, encore animée par l’espoir de la réunion.

christine.

Quand j’aurai vingt et un ans, mon père, je pourrai disposer de moi-même ; je viendrai alors chercher un refuge près de vous, et nous jouirons d’autant mieux de notre bonheur que nous en aurons été privés pendant… cinq ans.

— Cinq ans ! s’écria François. Oh ! Christine, serons-nous réellement cinq ans séparés ?