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Ô mon père, vous qui m’avez sauvée tant de fois, sauvez-moi encore ; gardez-moi avec vous ! »

François releva précipitamment Christine, la serra contre son cœur, et mêla ses larmes aux siennes. M. de Nancé tomba dans un fauteuil et cacha son visage dans ses mains. Tous trois pleuraient.

« Mon père, dit Christine en se mettant à genoux près de lui et en passant un bras autour de son cou, pendant que de l’autre main elle tenait celle de François, mon père, votre chagrin, vos larmes, les premières que je vous aie jamais vu répandre, me disent assez qu’une volonté plus forte que la vôtre dispose de mon existence et me voue au malheur. J’obéirai, mon père ; je ne serai plus heureuse que par le souvenir ; je penserai à vous, à votre tendresse, à votre bonté, à mon cher, mon bon François ; je vous aimerai tant que je vivrai, de toute mon âme, de toutes les forces de mon cœur. J’ai été, grâce à vous, à vous deux, heureuse pendant huit ans. Si je ne dois plus vous revoir, j’espère que le bon Dieu aura pitié de moi, qu’il ne me laissera pas longtemps dans ce monde. François, mon frère, mon ami, n’oublie pas ta Christine, qui eût été si heureuse de consacrer sa vie à ton bonheur. »

François ne répondit que par ses larmes aux tendres paroles de Christine.

— Comment pourrai-je vivre sans toi, ma Christine ? lui dit-il enfin en la regardant avec une tristesse profonde.