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M. des Ormes, plus que jamais sous le joug de sa femme, consentit à tout ce qu’elle voulut, et M. de Nancé rentra chez lui le cœur plein de tristesse, pour annoncer à ses enfants la fatale nouvelle de leur séparation.

Au retour de sa visite, M. de Nancé fit venir François et Christine.

« Qu’avez-vous, mon père ? dit Christine en entrant ; vous êtes pâle et vous semblez triste et agité.

— Je le suis en effet, mes enfants, car j’ai une fâcheuse nouvelle à vous annoncer. »

M. de Nancé se tut, passa sa main sur son front, et, voyant la frayeur qu’exprimait la physionomie de François et de Christine, il les prit dans ses bras, les embrassa, et, les regardant avec tristesse :

« Mes enfants, mes pauvres enfants, notre bonne et heureuse vie est finie ; il faut nous séparer… Ma Christine, tu vas nous quitter.

christine, avec effroi.

Vous quitter ?… Vous quitter ? Vous, mon père ? toi, mon frère ? Oh non !… non… jamais !

m. de nancé.

Il le faut pourtant, ma fille chérie : ta mère te met au couvent, parce que moi je suis obligé de mener François finir ses études dans le Midi, et que je ne puis t’y mener avec moi.

— Ma mère me met au couvent ! Ma mère m’enlève mon père, mon frère, mon bonheur ! s’écria Christine en tombant à genoux devant M. de Nancé.