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christine.

Comment pouvais-je être gaie et m’amuser, mon père, pendant que François souffrait et que vous partagiez son malaise ? Je n’entendais autour de moi que des propos méchants, je ne voyais que des visages moqueurs ou indifférents. Ici c’est tout le contraire ; les paroles sont amicales, les visages expriment la bonté et l’amitié. Non, cher père, je voudrais ne jamais sortir d’ici. »

M. de Nancé avait compris le tendre dévouement de sa fille ; il n’insista pas et l’embrassa en lui rappelant que sa mère revenait le lendemain.

« Il faut que j’aille la voir, dit-il.

christine.

Faut-il que j’y aille avec vous, mon père ?

m. de nancé.

Non, mon enfant ; tu sais qu’elle défend tes visites au château.

— Je n’en suis pas fâchée, dit Christine en souriant ; quand elle me voit, c’est toujours pour me gronder ; je resterai avec François toujours bon, toujours aimable. »

M. de Nancé alla voir M. et Mme des Ormes ; il leur représenta qu’il était obligé de mener son fils dans le Midi pour sa santé et pour d’autres motifs ; qu’il était impossible qu’il emmenât Christine avec lui, et que, malgré le vif chagrin que leur causerait à tous cette séparation, il la jugeait absolument nécessaire.

madame des ormes.

Je ne peux pas la reprendre, Monsieur de Nancé ;