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la trouvait charmante ; elle paraissait telle, surtout aux yeux de ses trois amis dévoués, M. de Nancé, François et Paolo. Son caractère et son esprit avaient tout le charme de sa personne ; l’infirmité de François, qui leur faisait éviter les nouvelles relations et fuir les réunions élégantes du voisinage, avait donné à Christine les mêmes goûts sérieux et le même éloignement pour ce qu’on appelle plaisirs dans le monde. M. de Nancé les menait quelquefois chez Mme de Guibert et chez Mme de Sibran, mais jamais quand il y avait du monde. Une fois, il les avait forcés à aller à une petite soirée de feu d’artifice et d’illuminations chez Mme de Guibert ; mais Christine avait tant souffert de l’abandon dans lequel on laissait François, des regards moqueurs qu’on lui jetait, des ricanements dont il avait été l’objet, qu’elle demanda instamment à M. de Nancé de ne plus l’obliger à subir ces corvées.

« Comme tu voudras, ma fille. Je croyais t’amuser ; c’est François qui m’a demandé de te procurer quelques distractions.

— François est bien bon et je l’en remercie, mon père. Mais je n’ai pas besoin de distractions ; je vis si heureuse près de vous et près de lui, que tout ce qui change cette vie douce et tranquille m’ennuie et m’attriste.

m. de nancé.

J’ai en effet remarqué hier que tu étais triste, mon enfant, et que tu ne prenais plaisir à rien ; toi, toujours si gaie, si animée, tu ne parlais pas, tu souriais à peine.