Page:Ségur - François le bossu.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.

embrasser, tout cela me tue ! Depuis longtemps je me sens mourir, et je le cache à mes parents ; je les regrette amèrement, et pourtant je suis heureux d’être ici, parce que je veux mourir bien pieusement, et vous m’y aiderez. Vous êtes tous si bons, si pieux ! Chez moi, personne ne prie ; personne ne parle du bon Dieu ; personne n’a l’air d’y penser. Monsieur de Nancé, ajouta-t-il en joignant les mains, ayez pitié de moi ! Je voudrais faire ma première communion comme l’a faite François, et je ne sais comment la faire ; je ne sais rien ; je ne sais même pas prier. Ayez pitié de moi ! Dites, que dois-je faire ?

— Mon pauvre garçon, répondit M. de Nancé attendri, il faut vous soumettre à la volonté de Dieu ; vivre s’il le veut, et ne pas vous préoccuper de la crainte de mourir. Il faut vous soigner comme on vous l’ordonne, offrir à Dieu les chagrins qu’il vous envoie, et lui demander du courage et de la patience. Quant à la première communion, nous en reparlerons demain. À présent, restez bien tranquille jusqu’à l’arrivée du médecin, que j’ai envoyé chercher. Isabelle ou Bathilde restera près de vous. Soyez calme, mon ami, et remettez-vous entre les mains du bon Dieu, notre père et notre ami à tous. »

M. de Nancé lui serra la main.

« Merci, Monsieur, merci ; vous m’avez déjà consolé. »

M. de Nancé sortit, emmenant François et Christine qui pleuraient et qui envoyèrent à Maurice un baiser d’adieu, auquel il répondit par un sourire.