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pas, il perd son temps et il a besoin d’aller au collège ; mais, maman partant, il faut que je parte aussi ! Quel chagrin pour moi de quitter la campagne et ma vie calme et retirée ! Maman, me voyant si malheureux de ce voyage, m’a dit qu’elle ferait le sacrifice que je lui demandais, qu’elle me laisserait ici, et qu’elle se séparerait d’avec moi si nous avions dans le voisinage un parent ou un ami intime qui voulût bien me recevoir chez lui pendant un mois ou deux, et encore, à la condition que moi ou le médecin nous lui écririons tous les jours pour la rassurer sur ma santé. C’est vrai que je suis malade, plus malade même qu’elle ne le croit, car je lui cache la plus grande partie de mes souffrances pour ne pas l’inquiéter davantage. Ce fatal voyage me tuera ! Et, par malheur, nous n’avons dans le voisinage aucun parent, aucun ami qui puisse me recueillir ! Oh ! François, que je suis malheureux ! »

François, ne trouvant aucune parole pour consoler le pauvre Maurice, pleura avec lui et l’engagea à recourir à Dieu et à la sainte Vierge. Il lui promit de lui écrire souvent ; il chercha à le rassurer sur sa santé, sur les terreurs que lui causait son séjour à Paris, et le laissa un peu moins abattu, mais bien malheureux encore.

François vint raconter à son père et à Christine le nouveau et vif chagrin du pauvre Maurice.

« Pauvre garçon ! pauvre Maurice ! dit Christine ; que pouvons-nous faire pour le consoler dans sa douleur ?