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madame des ormes.

Vous avez l’air si jeune. Quel âge avez-vous ?

m. de nancé.

J’ai quarante ans, Madame.

madame des ormes.

Quarante ans ! Dieu ! quelle horreur ! J’espère bien n’avoir jamais quarante ans !… Il est vrai que j’en suis loin ! J’ai à peine vingt-trois ans. »

M. de Nancé ne put réprimer entièrement un sourire moqueur.

madame des ormes.

Vous ne le croyez pas ? C’est à cause de cette ridicule taille de Christine, à laquelle on donnerait dix ans, en vérité ? Et c’est à peine si elle en a huit. Je me suis mariée à quinze ans. »

M. de Nancé ne pouvait répliquer sans dire une impertinence : il se tut.

« Maman, dit Christine qui revenait tout essoufflée, je ne trouve pas M. Paolo ; il est sans doute parti, ne vous sachant pas ici.

madame des ormes.

Que c’est ennuyeux ! Comment ne lui a-t-on pas dit que j’étais là. Ce bon Paolo ! Il est si heureux quand il me voit ! Envoyez-le-moi demain, mon cher Monsieur de Nancé. Adieu, à bientôt. »

Elle monta dans son poney-duc et partit en envoyant des baisers avec ses doigts épatés qu’elle croyait effilés.

« C’est ennuyeux que Paolo soit parti, dit Christine ; je n’avais pas fini ma leçon de piano, et je n’ai pas encore eu ma leçon d’histoire.