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peu que je fais pour elle, Madame. Elle croit la mieux témoigner en m’appelant son père. Comment pourrais-je oublier qu’elle est votre fille, qu’elle me vient de vous ; qu’en m’occupant d’elle, c’est à vous que je rends service ; qu’elle est pour moi un souvenir perpétuel de vous ? »

Mme des Ormes, enchantée, serra la main de M. de Nancé, baisa Christine au front.

« Tu as bien raison, Christine, aime-le bien,… et appelle-le ton père, car il est cent fois meilleur que ton vrai père. Au revoir, cher Monsieur de Nancé ; je viendrai très souvent vous voir. Et ne craignez pas que je vous enlève Christine : non, non ; puisque vous y tenez, gardez-la en souvenir de moi. Adieu, mon ami. »

M. de Nancé la salua profondément et la reconduisit jusqu’à sa voiture. Elle y était déjà montée et M. de Nancé s’en croyait débarrassé, lorsqu’elle sauta à terre et remonta le perron.

« Et Paolo que j’oublie ! Christine, va me le chercher… Dieu ! qu’elle est grande, cette fille ! dit Mme des Ormes en la regardant courir pour exécuter l’ordre de sa mère. C’est vraiment ridicule d’avoir une fille si grande pour son âge ; elle est encore grandie depuis mon retour. Ne craignez-vous pas, cher Monsieur de Nancé, en la laissant vous appeler son père, qu’elle ne vous vieillisse terriblement ?

— Je ne crains rien dans ce genre, répondit M. de Nancé en souriant. François a quatorze ans, et je ne cherche pas à me rajeunir.