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Paolo, n’y résista pas ; il releva Christine, la serra dans ses bras, l’embrassa à plusieurs reprises, et lui dit d’une voix émue :

« Ma fille ! ma chère fille ! appelle-moi ton père, puisque ton père te le permet, et crois bien que si je suis un père pour toi, tu es pour moi une fille bien tendrement aimée. »

Christine remercia M. de Nancé, lui demanda pardon de l’avoir dérangé de son travail, et alla raconter ce qui venait de se passer à François, qui s’en réjouit autant qu’elle. Elle rentra ensuite dans son appartement, où l’attendait Paolo pour lui donner ses leçons.

L’été se passa ainsi, bien calme pour François et pour Christine ; M. de Nancé refusa toutes les invitations de M. et de Mme des Ormes.

« C’est bien mal à vous, Monsieur de Nancé, lui dit un jour Mme des Ormes dans une de ses rares visites : vous refusez toutes mes invitations ; vous ne voyez aucune de mes fêtes, qui sont si jolies, aucun de mes amis, qui sont si aimables, qui m’aiment tant, qui sont si heureux près de moi ! Vous ne goûtez à aucun de mes excellents dîners ; j’ai un cuisinier admirable ! un vrai Vatel !

m. de nancé.

Je suis vraiment contrarié, Madame, d’avoir toujours à vous refuser ; mais les devoirs de la paternité s’accordent mal avec les plaisirs du monde, et je préfère une soirée passée avec mes enfants, aux fêtes les plus brillantes.