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m. des ormes.

Ils sont allés en Suisse, puis en Italie, pour la santé de ta tante, qui souffre de la poitrine. Adieu, Christine ; bien des amitiés à M. de Nancé. »

À peine M. des Ormes fut-il parti, que Christine s’élança vers l’appartement de M. de Nancé. Elle entra comme un ouragan.

« Papa ! mon père ! Je peux vous appeler comme je le voudrai ; papa me l’a permis.

— Christine, Christine, dit M. de Nancé en hochant la tête, tu as eu tort de le lui demander. Je t’ai déjà dit que ce n’était pas bien.

christine, avec affection.

Pas bien ? pourquoi ? Ne faites-vous pas pour moi ce que vous feriez si j’étais votre fille ? Ne me traitez-vous pas comme si j’étais votre fille ? Ne m’aimez-vous pas comme une vraie fille, comme une vraie sœur de François ? Ne croyez-vous pas que je vous aime comme un vrai père ? Pourquoi donc m’obliger à vous parler comme à un étranger, à vous appeler monsieur ? Pourquoi m’imposer cette peine ? Pourquoi me défendre de vous donner le nom que vous donne mon cœur, celui que vous donne François, qui ne peut pas vous aimer plus que je ne vous aime ! Mon père, mon cher père, laissez-moi vous appeler mon père. »

En achevant ces mots, Christine se laissa glisser à genoux devant M. de Nancé ; elle appuya ses lèvres sur sa main, et le regarda avec ces grands yeux doux et suppliants qui faisaient de Paolo son très humble serviteur. M. de Nancé, de même que