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Il dura jusqu’à l’été. Un jour de juillet, que les enfants, aidés de M. de Nancé et de Paolo, construisaient un berceau de branchages au pied duquel ils plantaient des plantes grimpantes, une femme apparut au milieu d’eux ; c’était Mme des Ormes. La surprise les rendit tous immobiles ; rien n’avait fait pressentir sa visite.

madame des ormes.

Eh bien, Monsieur de Nancé ; eh bien, mon cher esclave Paolo ; eh bien, Christine, vous ne me dites rien ? »

M. de Nancé salua froidement et sans mot dire. Paolo salua gauchement et devint rouge comme une pivoine. Christine alla embrasser sa mère, mais Mme des Ormes arrêta une démonstration dangereuse pour son col garni de dentelles et pour sa coiffure emmêlée de fausses nattes et de faux bandeaux ; elle lui saisit les mains, lui donna un baiser sur le front, et, la regardant avec surprise :

« Comme tu es grandie ! Je suis honteuse d’avoir une fille si grande ! Tu as l’air d’avoir dix ans !

christine.

Et je les ai, maman, depuis huit jours.

madame des ormes.

Quelle folie ! Toi, dix ans ! Tu en as huit à peine !

christine.

Je suis sûre que j’ai dix ans, maman.

madame des ormes.

Est-ce que tu peux savoir ton âge mieux que moi ? Je te dis que tu as huit ans, et je te défends de dire le contraire. Puisque j’ai à peine vingt--