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jamais vu pareille Esther. Mme des Ormes, furieuse, se retira, se promettant de se venger sur Paolo de l’échec qu’elle subissait. Mais Paolo n’y était plus ; devinant la confusion et la colère de Mme des Ormes, il fit lestement un paquet de ses effets, mit dans son portefeuille les cinq cents francs que lui avait donnés M. des Ormes le matin même, et courut au chemin de fer pour y attendre le premier départ. Le lendemain, de bonne heure, il était à Nancé, racontant sa mésaventure qu’il bénissait puisqu’il lui devait d’être débarrassé de Mme des Ormes. Les enfants furent enchantés de le revoir ; il leur raconta les beautés de Paris telles qu’il les avait vues et jugées, et les ennuis des répétitions, des dîners et des soirées de Mme des Ormes tels qu’il les avait éprouvés.

Peu de jours après, il reçut une lettre furieuse de son Esther ; elle le traitait de mal élevé, de brutal, de goujat, de voleur même, pour avoir accepté et emporté les cinq cents francs que son mari avait eu la sottise de lui donner.

« Ze les ai bien gagnés, se dit Paolo en riant ; quant à ses inzures, ze m’en moque et je m’en bats l’œil et le mollet. Mas ze vais la défourioser. Ze vais lui dire des soses…, des soses qui lui feront ouvrir sa grande bouce comme oune bouce de crocodil. »

Et se mettant à table, il écrivit :

« Ô Signora ! ô bella ! ô adorable ! comment est-il possible qu’Assouérous reste comme oune