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aurait une grande soirée dans quinze jours, vers le 15 décembre. Et dès le lendemain elle commença sa vie dissipée et tourbillonnante, visites, emplettes, dîners, spectacles, soirées, se couchant à trois et quatre heures du matin, se levant à midi, une vie de femme du monde, c’est-à-dire de folle. Elle se mit à organiser ses charades, mais elle trouvait difficilement des acteurs et actrices. Quand on sut qu’elle voulait faire le rôle d’Esther, personne ne voulut faire Assuérus. Dans son désespoir, elle écrivit à Paolo :

« Mon cher, mon bon Paolo, je vous demande en grâce de me donner huit jours. Prenez demain le chemin de fer ; descendez chez moi, dans mon hôtel, rue de la Femme-Sans-Tête, 18. Je ne vous garderai que huit jours au plus ; et comme je ne veux pas vous faire perdre l’argent que vous font gagner vos leçons, je vous donnerai cinq cents francs le jour de votre départ. J’ai absolument besoin de vous ; sans vous, ma fête est manquée. Si vous me refusez, je ne vous reverrai de ma vie et je vous défendrai de voir Christine. Ne répondez pas, mais arrivez vite.

« Caroline des Ormes. »

Quand Paolo reçut cette lettre, il retomba dans le désespoir ; M. de Nancé, après avoir ri de la persévérance de Mme des Ormes, conseilla à Paolo de se rendre à ses vœux et de prendre le chemin de fer de midi qui l’amènerait à Paris à quatre heures. Paolo soupira, pleura même, se tapa la