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« Du courage, mon ami, lui dit-il après quelques instants ; ne perds pas l’espoir de redevenir ce que tu étais. Tu es faible à présent, tu ne peux pas te redresser ni te tenir sur tes jambes ; dans quelques jours, quelques semaines au plus, tu retrouveras des forces et tu te tiendras droit comme avant.

maurice.

Non, non, François ; je sens que je ne me tiendrai jamais droit. Et mes jambes ?… Comment se redresseraient-elles ? elles sont contournées et tortues. Et l’épaule ? Comment s’aplatirait-elle et redeviendrait-elle ce qu’elle était ? Regarde-moi et regarde-toi. Eh bien, moi qui me suis tant moqué de ton infirmité, qui t’ai ridiculisé et tourmenté, j’en suis réduit à envier ton apparence. Je n’oserai jamais me montrer ; je ne sortirai plus de ma chambre.

françois.

Tu auras tort, mon pauvre Maurice ; tu te rendras malade, tu t’ennuieras horriblement et tu souffriras bien plus.

maurice.

Crois-tu que ce soit agréable de voir tout le monde rire et chuchoter, d’entendre crier les petits enfants : Un bossu, un bossu ! Venez voir un bossu !

françois, souriant.

Ce n’est pas agréable, je le sais mieux que tout autre ; c’est triste et pénible. Mais on se résigne à la volonté du bon Dieu et on s’y habitue un peu. Et puis, comme on est heureux quand on