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licitations de Maurice et insensible à la bonté, à l’amabilité de François. Le pauvre Maurice, au contraire, de plus en plus touché de la généreuse affection que lui témoignait François, devint plus doux, plus endurant, plus résigné de jour en jour ; au bout de ces deux mois, le médecin lui permit de se lever et de faire usage de ses membres remis. Quand il se leva, sa faiblesse le fit retomber de suite sur son lit ; un second essai, plus heureux, lui permit de s’appuyer sur ses jambes et de se tourner vers la glace ; mais de quelle terreur ne fut-il pas saisi quand il vit ses jambes tordues et raccourcies, une épaule remontée et saillante, les reins ployés et ne pouvant se redresser, et le visage, jusque-là enveloppé de cataplasmes ou d’onguent, couturé et défiguré par les brûlures ! Adolphe l’avait été aussi, mais beaucoup moins.

Le malheureux Maurice poussa un cri d’horreur et retomba presque inanimé sur son lit. Mme de Sibran se jeta à genoux, le visage caché dans ses mains, et M. de Sibran quitta précipitamment la chambre pour cacher son désespoir à son fils.

« Mon Dieu ! mon Dieu ! criait Maurice, ayez pitié de moi ! Mon Dieu ! ne me laissez pas ainsi ! Que vais-je devenir ? Je ne veux pas vivre pour être un objet d’horreur et de risée ! »

Puis, se relevant et se regardant encore dans la glace :

« Mais je suis horrible, affreux ! François lui-même reculera d’épouvante en me voyant ! Lui est bossu, c’est vrai, mais son visage, du moins, est