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et ses épaules ; il fallait le faire boire et manger, le moucher et l’essuyer comme un petit enfant ; il se désolait, se fâchait ; ses colères et ses agitations augmentaient son mal.

Les premiers jours sa vie fut en danger, et personne ne put le voir ; mais, après un mois, M. de Nancé demanda si François ne pouvait pas venir le distraire et le consoler ; M. et Mme de Sibran acceptèrent la proposition avec joie, et ils annoncèrent à leur fils la visite de François.

« Pourquoi l’avez-vous acceptée, dit Maurice en gémissant. Il va triompher de me voir si malade ; Adolphe et moi, nous nous sommes moqués de sa bosse, et il doit nous en vouloir.

madame de sibran.

Mon pauvre ami, tu t’ennuies tant et tu souffres tant, que ton père et moi nous avons jugé utile de te donner une distraction.

maurice.

Jolie distraction !

adolphe.

Agréable passe-temps ! »

Malgré l’humeur qu’ils témoignaient, ils ne voulurent pas que Mme de Sibran écrivît à François pour l’empêcher de venir. Le lendemain, François arriva à une heure ; ni Maurice ni Adolphe ne bougèrent ni ne parlèrent quand il entra chez eux et qu’il leur dit bonjour d’un air affectueux.

françois.

Vous avez bien souffert et vous souffrez encore beaucoup ?… »