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de sa femme, les paya assez largement pour fermer la bouche aux mauvaises langues ; car dans le voisinage on s’amusait beaucoup de l’avarice de Mme des Ormes pour tout ce qui concernait sa fille.

La vie se passait donc heureuse et calme pour François et Christine ; pour M. de Nancé, qui n’était heureux que par son fils ; pour Isabelle, qui aimait beaucoup Christine à cause de la tendresse qu’elle témoignait à François, et aussi à cause des charmantes qualités qui se développaient par les soins de cette bonne intelligente et par ceux de M. de Nancé. Ce dernier portait à Christine une affection paternelle, et il cherchait à suppléer à la direction qui manquait à la pauvre enfant du côté de ses parents, par des conseils, toujours écoutés et suivis avec reconnaissance. Mme des Ormes oubliait sans cesse sa fille pour ne s’occuper que de toilette et de plaisirs. M. des Ormes, faible et indifférent, avait, comme nous l’avons vu, des éclairs de demi-tendresse qui ne duraient pas ; tranquille sur le sort de Christine depuis qu’il la savait sous la direction sage et dévouée d’Isabelle, il ne s’occupait pas de sa fille, et cherchait, comme sa femme, à passer agréablement ses journées. Tous deux laissaient à Isabelle liberté complète d’élever Christine selon ses idées ; c’est ainsi qu’aidée de M. de Nancé elle donna à Christine des sentiments religieux et des habitudes pieuses qui lui manquaient ; elle la menait au catéchisme avec François, qui fit cette année sa première com-