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christine.

C’est elle qui le mange ; elle ne m’en donne pas.

le cuisinier.

Si ce n’est pas une pitié ! Une malheureuse enfant comme ça ! Lui voler son déjeuner ! Tenez, Mam’selle, voilà votre tasse de chocolat, mangez-le ici, bien tranquillement.

christine.

Je n’ose pas ; si papa venait !

— Venez par ici, dans l’office ; personne n’y entre ; on ne vous verra pas. »

Le cuisinier, qui était bon homme, établit Christine dans l’office et plaça devant elle une grande tasse de chocolat et deux bons gâteaux. Christine mangeait avec plaisir cet excellent déjeuner, lorsqu’à sa grande terreur elle entendit la voix de sa bonne.

mina.

Monsieur le chef, le chocolat de Christine, s’il vous plaît.

le cuisinier, d’un ton bourru.

Je n’en ai pas fait.

la bonne.

Comment ? vous n’avez pas fait le déjeuner de Christine ?

le cuisinier, de même.

Si fait ! Vous avez envoyé demander un morceau de pain sec et du lait froid : je les lui ai donnés.

la bonne.

Il me faut son chocolat pourtant.