Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/89

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Clodoald.

Ce misérable menteur ? Je n’aurais jamais accepté le secours d’un pareil coquin.

Laurent, d’un air moqueur.

Vous auriez mieux aimé que l’ours nous eût mangés ?

Clodoald, embarrassé.

Certainement non. Mais il ne vous aurait pas touchés. C’est si poltron un ours !

Laurent.

Vous ne diriez pas cela si vous aviez vu le combat du pauvre chemineau contre cet ours.

Anne.

Le pauvre homme avait du sang plein les jambes.

Clodoald.

C’est bien fait ; il n’a que ce qu’il mérite.

Anne.

C’est méchant ce que vous dites.

Laurent.

Et que fallait-il faire au lieu d’accepter le chemineau pour nous défendre ?

La bonne, riant.

Il fallait faire un salut à l’ours et lui dire : Monsieur l’ours, nous sommes les enfants du comte d’Orvillet ; vous n’oserez pas nous toucher, bien certainement ; mangez ce chemineau qui n’est qu’un paysan et laissez-nous passer. »

Les enfants rient ; Félicie même ne peut s’empêcher de rire ; Clodoald paraît très vexé ; Cunégonde lance des regards flamboyants à la bonne.

« Venez, Félicie, dit-elle ; allons dans le parc.