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La bonne.

Elle n’en a rien dit, non plus que moi, car elle savait bien qu’elle serait grondée pour s’être sauvée seule, malgré moi. Quant à la soigner, madame, je l’ai fait sans en parler à personne. Je lui ai mis de l’huile de mille-pertuis et dès le lendemain elle ne souffrait presque plus. »

Mme d’Orvillet réfléchit quelques instants.

« Je vais aller seule chez ce pauvre homme ; je lui dois cette visite à cause du grand service qu’il nous a rendu. J’espère qu’il ne me parlera pas de Félicie. Il doit l’avoir reconnue ; j’ai bien remarqué qu’il l’avait beaucoup regardée, et avec surprise, avant de s’approcher de moi. Il aura probablement eu la délicatesse de ne rien dire qui pût l’humilier. Ce pauvre chemineau me paraît être bon homme, et j’espère qu’il a compris que, dans de pareilles aventures, il vaut mieux se taire que parler… Envoyez-moi les enfants, Valérie ; je veux leur annoncer que je ne les emmène pas, et qu’ils sortiront avec vous. »

Cinq minutes après, les enfants arrivaient chez Mme d’Orvillet.

« Mes chers enfants, leur dit-elle, j’ai pensé que vous pourriez gêner le pauvre blessé, qui est sans doute misérablement logé et qui ne pourrait pas seulement faire asseoir tant de monde ; ainsi, je vais y aller seule ; je vous laisse avec votre bonne. »

Laurent et Anne ne parurent pas mécontents de ce changement de projet. Félicie en fut enchantée. Mme d’Orvillet se fit accompagner par Saint-Jean, qui connaissait la demeure du chemi-