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Madame d’Orvillet.

C’est bien le moins, mon ami, que je vous témoigne ma reconnaissance pour nous avoir sauvés, mes enfants et moi. Laissez-moi faire. Je vous assure que vous avez besoin d’être soigné. »

Sans attendre sa réponse, Mme d’Orvillet tira son mouchoir, le déchira en deux, et, malgré l’opposition du pauvre chemineau, elle lui tamponna et lui banda la jambe pour arrêter l’écoulement du sang ; une autre blessure au genou saignait aussi beaucoup ; Mme d’Orvillet n’avait plus de mouchoir.

« Voici le mien, maman, dit Laurent en le présentant à sa mère.

— Et le mien aussi », dit Anne en faisant comme son frère.

Mme d’Orvillet les approuva d’un sourire, fit, comme pour la première blessure, un tampon du petit mouchoir de Laurent, et la lui banda avec celui d’Anne.

« Écoutez, mon ami, lui dit-elle, vous n’êtes pas en état de marcher jusqu’à la ville. Restez ici ; nous allons nous dépêcher de rentrer ; je vous enverrai une carriole ; vous y monterez avec votre ours, et on vous mènera où vous voudrez. »

Le chemineau.

Bien des remerciements, ma bonne chère dame ; je crois, en effet, que je n’irai pas loin… Allons, Martin, sois sage, ne bouge pas, et tu iras en voiture retrouver ton maître, qui va te donner des coups de trique pour t’apprendre à courir les bois.