Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sence de Mme d’Orvillet, qui ne savait trop si elle devait parler ou garder le silence. Elle essaya enfin quelques paroles consolantes pour remettre le calme dans les esprits.

« L’excuse de cet homme, dit-elle, est dans son ivresse ; il s’est figuré avoir commis la faute dont il est venu s’accuser ; et, au total, il m’a l’air d’un bon homme. Il a cru bien faire en faisant cet acte d’humilité.

Le baron, colère.

C’est un gredin, et, s’il ose jamais se présenter chez moi, je ferai lâcher mes trente chiens sur lui.

Madame d’Orvillet.

Vos trente chiens mettraient le pauvre homme en pièces, et vous vous feriez une mauvaise affaire.

Le baron, avec surprise.

Avec qui donc une affaire ?

Madame d’Orvillet, sèchement.

Avec le procureur impérial.

Le baron, avec dédain.

Pour un manant de cette espèce ?

Madame d’Orvillet, sévèrement.

Ce manant est un homme, monsieur, un homme comme vous.

Le baron.

Comme moi ? Ah ! ah ! ah ! comme moi ?

Madame d’Orvillet, de même.

Oui, monsieur, comme vous, avec la différence que vous êtes riche, qu’il est pauvre ; que vous êtes fier de la position que vous a donnée le bon Dieu ;