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courage de quitter ma femme et ma famille. S’il y a une guerre sérieuse, je demanderai un commandement, jusque-là je vivrai tranquille chez moi. »

Quinze jours après, il s’installa à Valjoli avec sa charmante femme en sortant de la messe de mariage. Un grand déjeuner était préparé pour la famille. Un bouquet magnifique, offert par Diloy, occupait le milieu de la table. Les enfants s’amusèrent beaucoup ; ils coururent partout, visitèrent tous les recoins du château. Le jardinier les laissa cueillir des fleurs en quantité ; ils en firent des bouquets pour leur bonne. On les ramena en voiture ; ils traversèrent le bois où s’était passée la rencontre de Diloy et de l’ours. Ce souvenir leur causait toujours de l’émotion.

Le soir, en se mettant à table, chacun soupira en pensant au général et à sa femme.

« Quel dommage que mon oncle nous ait quittés ! dit Gertrude en soupirant. Et ma tante Pauline aussi. Ils vont bien nous manquer.

Madame de Soubise.

C’est vrai, chère enfant ; mais ils sont si heureux, que nous ne pouvons les regretter beaucoup.

Gertrude.

Aussi mes regrets ne sont que pour notre vie à nous, maman, qui sera moins agréable sans eux.

Peu de jours après le mariage du général, M. et Mme de Soubise et leurs enfants retournèrent chez eux en Bretagne. Félicie regretta sa cousine, mais pas assez vivement pour se trouver attristée de son départ. Il y avait en elle un fond d’égoïsme et