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en plus docile, quelquefois même plus affectueuse.

Un événement qui contribua à l’amélioration de Félicie fut une grave maladie de Diloy ; les soins dont il fut entouré par toute la famille d’Orvillet, la sollicitude, l’affection qu’on lui témoigna, firent une favorable impression sur Félicie ; elle ne dédaigna pas d’imiter Gertrude et de s’établir avec elle des heures entières près du pauvre malade, pendant que Marthe prenait un peu de repos. La maladie fut longue et dangereuse. Le bon vieux curé vint plusieurs fois visiter Diloy ; ses paroles pieuses et pleines de charité ne furent pas perdues pour Félicie ; elle sut aussi apprécier les sentiments de foi du pauvre Diloy. Résigné à tout, sincèrement soumis à la volonté du bon Dieu, il était sans cesse occupé de la crainte qu’on ne se fatiguât pour lui. La reconnaissance éclatait dans toutes ses paroles, et, quand il entra en convalescence, il l’exprima si vivement, que Félicie en fut sincèrement touchée, et qu’elle comprit enfin qu’un pauvre paysan pouvait avoir des sentiments aussi élevés, aussi délicats que les gens du grand monde ; et, bien qu’elle n’arrivât jamais au degré de bonté de sa mère, de son oncle et de Gertrude, elle ne choqua plus les gens du village par ses airs de hauteur et par ses paroles dédaigneuses.

Trois mois après le commencement de notre récit, Félicie fit sa première communion ; le résultat en fut très satisfaisant : elle continua à accompagner chaque matin Gertrude et ces dames à la