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arroser tous les jours, pour que la sécheresse ne prenne pas la laitue. Ça aime l’eau, la laitue.

Laurent.

Seulement, mon oncle, il nous faudrait un tonneau plein d’eau ; nous sommes obligés d’aller remplir nos arrosoirs à la pompe de la ferme ; c’est fatigant. »

Le lendemain ils trouvèrent un petit tonneau avec un robinet sur une petite charrette. Il n’y avait plus qu’à traîner la charrette jusqu’à la pompe pour que le tonneau se trouvât rempli par le robinet de la pompe. Et, comme ce jeu leur plaisait, ils arrosèrent leur jardin au point d’en faire un marécage. Les laitues pourrirent au lieu de pommer, et les fleurs se flétrirent.

Les enfants s’inquiétaient, mais ils arrosaient toujours, malgré les représentations de leur bonne.

Un jour le général, accompagné de Gertrude et de Félicie, vint faire une visite au jardin.

« Je viens voir ma salade, que j’attends toujours, et qui n’arrive pas, dit-il en approchant.

Laurent.

Je ne sais pas ce qu’elle a, mon oncle : elle ne pousse pas comme il faut.

Félicie.

Ah ! mon Dieu ! quelle boue ! Il n’y a pas moyen d’approcher de vos salades ; c’est plein d’eau.

Le général.

Vous arrosez trop, petits nigauds ! Vous voyez bien que tout est pourri par la racine.