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suis jeune et forte et qui ne suis pas fatiguée, je vais faire bien mieux : je vais courir à la maison, et je vous rapporterai un pain et une bouteille de vin.

Mère Marcotte.

Ma bonne petite demoiselle, je ne supporterai point ça ; mon homme peut bien y aller ; il geint toujours, mais il va tout de même. Il ne faut point l’écouter.

Gertrude.

Ah ! mère Marcotte, vous n’êtes pas bonne pour lui. Voyez comme il a l’air fatigué ! Moi, cela m’amuse de courir, cela me fait du bien… Voilà le linge bien rangé dans le bahut ; les draps par ici, les serviettes au milieu, les tabliers, les torchons à l’autre bout. Je vais donc aller chercher votre pain, et je reviens dans un quart d’heure. »

Gertrude partit en courant, sans attendre la réponse des Marcotte, qui restèrent un instant ébahis.

Mère Marcotte.

Vois-tu, fainéant ! Voilà que tu fais courir cette bonne petite demoiselle du bon Dieu pour faire ton ouvrage. C’est gentil, ça ! Que va dire madame ? Et M. le comte ?

Marcotte.

Vas-tu me laisser tranquille, enfin, vieille serpe ! Prends garde que la main me démange et que je ne gratte sur ton dos.

— Eh bien ! eh bien ! qu’est-ce qu’il y a donc ? dit le général en entrant.

Mère Marcotte.

Il y a, monsieur le comte, que cette bonne pe-