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je vous pardonne, et cette fois c’est bien sincèrement, pour tout de bon. Pour preuve, donnez-moi la main pour m’aider à passer sur ce tas de pierres. Cette place est toujours encombrée… Merci, Diloy, dit-elle quand le tas de pierres fut franchi. C’est ça que j’aurais dû faire la première fois que je vous ai rencontré… Vous ne parlez pas, Diloy ; qu’avez-vous donc ?

Diloy, d’une voix tremblante.

J’ai le cœur si plein, mam’selle, que je n’ose parler, de peur d’éclater. Je suis si touché de vous voir si bonne, si gentille, je me sens si reconnaissant, si heureux, que je ne trouve pas de paroles pour m’exprimer. Et ça fait mal, ça étouffe.

— Gertrude, cria Félicie, attends-nous. Que je t’annonce une bonne nouvelle. J’ai trouvé un jardinier pour maman, et je le lui amène.

Gertrude, l’embrassant.

Comme tu as bien fait, ma bonne Félicie ! Quel plaisir tu vas faire à ma tante et à mon oncle ! »

Ils revinrent le plus vite possible à la maison ; Félicie courut tout de suite chez sa mère, suivie de Diloy ; elle entra comme un ouragan. Il était près de neuf heures ; Mme d’Orvillet et M. d’Alban déjeunaient.

Félicie.

Maman, maman, je vous amène un jardinier dont vous serez très contente, et que j’aimerai beaucoup et toujours. »

Mme d’Orvillet et le général poussèrent ensemble un cri de joyeuse surprise ; ils se levèrent