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l’y mener et les ramener tous dans une heure ?

La bonne.

Très volontiers, madame ; je crois que Félicie est assez punie par l’ennui qu’elle a éprouvé depuis deux heures.

Madame d’Orvillet.

Punie, de quoi donc ? Est-ce qu’elle a été méchante ?

La bonne.

Pas précisément méchante, mais pas très polie ; et puis, elle m’a avoué qu’elle avait fait semblant d’être fatiguée, pour éviter l’humiliation de faire une visite aux Germain, qu’elle trouve trop au-dessous d’elle.

Madame d’Orvillet.

Je m’en doutais ; c’est pourquoi je n’ai pas voulu l’emmener quand elle a changé d’idée. Où prend-elle ces sottes idées, que n’ont pas Laurent et Anne, quoiqu’ils soient bien plus jeunes qu’elle.

La bonne.

Je crois, madame, que les Castelsot y sont pour quelque chose ; elle aime beaucoup à voir Mlle Cunégonde et M. Clodoald ; et madame sait comme ils sont orgueilleux et impertinents.

Madame d’Orvillet.

Vous avez raison ; elle les verra de moins en moins.

La bonne.

Madame fera bien ; l’orgueil se gagne, comme les maladies de peau ; en visitant les malades, on gagne leurs maladies. »