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Toi-même tu y perdras ta religion, que tu ne pourras guère pratiquer.

Diloy.

J’ai déjà pensé à cela, monsieur le comte : c’est pourquoi j’ai voulu vous en parler avant d’accepter. Pour moi, le bon Dieu me donnerait la force ; mais les enfants ! ces pauvres enfants dont je réponds ; j’ai leur âme à garder, et dans ces maisons de fabrique on rencontre tant de mauvais sujets, que ça fait peur.

Le général.

Surtout quand le chef est un homme sans foi ni loi. Je connais ce chef de fabrique, M. Bafont. C’est un gueux qui ne croit à rien, qui ne songe qu’à gagner de l’argent. Il se moque de l’ouvrier et de sa mortalité ; lui-même mène une conduite pitoyable, et je te conseille de refuser ses offres.

Diloy.

C’est ce que je ferai, monsieur le comte. Ce conseil me va et je le suivrai. »

Diloy se leva pour partir.

Le général.

Attends donc, mon brave garçon. Tu es bien pressé ; nous avons aussi quelque chose à te proposer. C’est ma sœur qui va t’en parler.

Madame d’Orvillet.

Vous nous avez dit hier, mon ami, que vous connaissiez l’état de jardinier. J’en cherche un ; le mien est trop vieux pour continuer son travail ; croyez-vous pouvoir le remplacer ?