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ses bontés pour moi. Tant que j’aurai de l’ouvrage, j’espère ne pas avoir à importuner monsieur et madame. Le bon Dieu ne m’a jamais fait défaut ; jusqu’à présent ma femme et mes enfants n’ont manqué de rien.

Madame d’Orvillet.

Mais, mon pauvre ami, vous manquez de tout ! Vous n’avez rien dans votre ménage.

Diloy.

Pourvu que nous ayons du pain et de quoi nous couvrir, nous n’en demandons pas davantage. Avec les cent francs que m’a valu mon ours, nous avons payé notre loyer, le boulanger, ce que nous devions au boucher, à l’épicier, au sabotier, et nous avons encore devant nous les cinquante francs que madame la comtesse a bien voulu nous donner. »

M. d’Alban et sa sœur admiraient la modération du pauvre chemineau, qui se trouvait satisfait de si peu. Ils continuèrent à causer jardinage et travail ; et, en se quittant, M. d’Alban voulut donner deux pièces de vingt francs au brave homme, qui les refusa, assurant toujours qu’il ne manquait de rien, qu’il avait de l’argent devant lui.

Quand ils furent seuls, Mme d’Orvillet dit à son frère :

« Albert, tu avais une idée en le questionnant sur ses talents de jardinier ; je crois la deviner.

Le général.

C’est vrai, j’ai mon idée ; mais il nous faut y réfléchir, à cause de l’aventure de cette pauvre Fé-