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Félicie.

Mais, mon oncle, j’ai faim, j’ai si peu mangé ; c’était si sale chez les Robillard…

Le général.

Sale, non ; c’était propre et très bon ; mais, ajouta-t-il en riant, tu faisais, comme tes amis, la dégoûtée et la difficile ; une autre fois tu te comporteras mieux. Va demander à manger à ta bonne, on te servira quelque chose. »

Le général embrassa Félicie, qui était tout étonnée de voir son oncle si bon pour elle. En le quittant, elle lui dit, après quelque hésitation :

« Je vous remercie de votre bonté, mon oncle ; à l’avenir je tâcherai d’être polie pour ce pauvre Diloy qui vous a sauvé la vie.

Le général.

Tu feras bien, ma petite, et tu me feras grand plaisir. Tu n’auras pas à te repentir de ta bonne résolution. »

Félicie se retira très contente ; elle se sentit plus heureuse qu’elle ne l’avait été depuis longtemps.

Un quart d’heure après, Mme d’Orvillet vint rejoindre son frère au salon.

Madame d’Orvillet.

Que s’est-il donc passé entre toi et Félicie ? Elle a dit deux fois que tu avais été bien bon pour elle et qu’elle ne serait plus méchante pour ce pauvre Diloy. J’ai été aussi étonnée qu’enchantée de ce changement de langage. Comment as-tu fait pour l’adoucir à ce point ?