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pourtant à leur chercher un serviteur intelligent et obligeant. En attendant, Moutonet (Simplice-Parfait-Fortuné) porta différents mets sur leur table, et ils se résolurent à manger sans changer de couverts.

Le dîner était déjà assez avancé, quand le nouveau serviteur des Castelsot parut. À son aspect, les trois enfants se levèrent en criant. Le baron et la baronne se dressèrent également dans une violente indignation.

Le chemineau (car c’était lui), qui ne s’attendait pas à paraître devant Félicie et les Castelsot, resta ébahi. Tout le monde s’était retourné et levé, se demandant ce qu’il y avait. M. d’Alban comprit de suite l’embarras de la situation, quand il entendit l’exclamation de sa sœur : « Le chemineau ! »

Il se leva, se dirigea vers le chemineau et, lui serrant la main, il dit haut de manière à être entendu de tout le monde :

« Je suis bien aise de vous retrouver ici, mon brave homme, pour vous expliquer ma reconnaissance du grand service que vous avez rendu à ma sœur et à ses enfants en les sauvant des griffes et des dents de l’ours. Comment cela va-t-il maintenant ? Vous avez été grièvement blessé ? »

Le chemineau s’était remis pendant le discours du général ; il remercia à son tour des bontés qu’on lui avait témoignées.

Tout en parlant, il examinait attentivement M. d’Alban.

Le chemineau.

Pardon, monsieur, si je vous fais une question,